mercredi 5 novembre 2014

L’Amour et les Forêts
Eric Reinhardt, Gallimard.



L’Amour et les Forêts et la Condition Féminine


   Si les romans d’amour ne manquent pas dans un monde assoiffé d’affection, le traitement de ce sujet reste un exercice à manipuler avec précaution. Parmi les romanciers de la rentrée littéraire de 2014 qui ont choisi la voie charnelle dans leur nouveau roman, nous retrouvons Eric Reinhardt, auteur français de plusieurs œuvres notamment Cendrillon publié en 2007 et dernièrement auteur de L’Amour et les Forêts paru aux éditions Gallimard. Faisant partie des huit dernières œuvres retenues pour le Prix Goncourt-Choix de l’Orient, L’Amour et les Forêts n’a toutefois pas eu droit au titre, décerné cette année à Meursault contre-enquête de Kamel Daoud. Une élimination que je peux comprendre ayant moi-même quelques réticences quant au contenu du bouquin.


  Avant de commencer la lecture du roman, et pour attiser ma curiosité, je me suis rendue sur les réseaux sociaux souhaitant découvrir l’avis des lecteurs concernant l’œuvre de Reinhardt. C’est là que j’ai pris connaissance du sujet qui m’a fort intéressé. Une femme, Bénédicte Ombredanne, voulant fuir sa vie de couple presque inexistante, et désirant redonner sens à sa vie de femme, tombe sous le charme de Christian, célibataire de Strasbourg qu’elle découvre sur un site de rencontre. Commence alors sa liaison secrète avec l’homme ; une liaison qui, cependant, ne dure qu’un jour suite aux doutes de son mari. Des doutes qui finiront par être confirmés. Cette aventure d’un jour sans lendemain cause à Bénédicte la perte de ses deux enfants qui ne veulent plus entendre parler d’elle. Pour couronner le tout, Bénédicte apprend quelques temps plus tard qu’elle est victime d’une maladie qui finit par s’emparer de sa vie. Sujet très intéressant certes, mais que l’on pourrait accuser d’être noyé dans un chaos de style familier et de détails pas plus utile que cela, ce qui ne permet pas toujours au lecteur de bien suivre le fil de l’histoire. En effet, la problématique de la condition féminine étant très actuelle de nos jours, il aurait été préférable de s’y concentrer sans tomber dans les scènes à impression de téléréalité. Mettre l’accent sur la vie d’une mère, oui, mais aller jusqu’à employer les termes des adolescents de tous les jours dont l’anglicisme et s’attarder sur les détails des journées des enfants est moins enthousiasmant que ce qu’on peut imaginer. Sans oublier les discussions par chatting qu’entretient Bénédicte avec ses ‘’clients’’ sur le site de rencontre, qui nous sont retranscrits dans un style si brute que ça ne nous donne pas forcément envie de suivre la discussion. Je ne critique pas l’érotisme dans les romans, mais l’érotisme sensuel aurait peut-être était mieux perçu que les images presque pornographiques qu’illustre le roman. Nous remarquons à plusieurs reprises que Bénédicte dit vouloir vivre une aventure avec son amant et renter tard le soir comme le ferait une femme libre. Mais est-ce vrai que la liberté de la femme au XXIème siècle se résume à une relation adultère ? Une vraie femme libre n’est pas au contraire celle qui serait prête à assumer ses choix devant son mari sans cacher durant plusieurs mois son aventure pour finir par
craquer sous le harcèlement de son homme ? Un tas de questions qui nous laissent sur notre faim une fois le livre clos.

Janine Badro
Lettres françaises 3ème année
USJ-Beyrouth

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